Pour la musique, les tempi, les rythmiques en tout cas. Comme si l’endroit même où la musique est jouée faisait, fait, partie de la musique elle-même, à la manière d’un très grand instrument qui ferait partie de “l’orchestre”.

Il existe une taille critique absolue, pour les salles, autour de 100 m2 , où le son commence à réagir complètement différemment. Cette dimension critique et ce changement de paradigme interagissent avec la manière dont la musique peut être jouée et / ou perçue dans la salle en question. Plus petit que cette taille, vous êtes parfaitement libre de jouer à n’importe quel tempo, mais vous êtes coincé avec des notes ou des gammes qui sonnent mieux que d’autres, plus grand que 100 m2 et c’est exactement le contraire: vous pouvez jouer dans n’importe quelle tonalité / gamme, mais la salle dicte ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en termes de tempo. Ce n’est pas négociable et vous ne pouvez rien faire à ce sujet. Demandez aux Rolling Stones.

Ceci est totalement prévisible, dans un petit volume, les modes, les résonances fondamentales, atteindront la plage audible mais les échos et retards seront si courts qu’ils ne seront pas discernables, disons en dessous de 20 ms, tandis que dans les grandes salles au contraire les dimensions sont si grandes qu’elles disparaissent au-dessous de la limite inférieure de notre gamme audible, par exemple, au-dessous de 30 Hz… alors que soudainement des échos et des retards deviennent audibles, c’est le moment où ils s’étendent au delà des 30 millisecondes et vous les entendez, ce qui influe sur le rythme de la musique. 100 m2 peuvent donc être considérés comme la distance critique approximative où les modes des salles sont encore très audibles alors que les échos ne le sont toujours pas, comme le démontrent les expériences du Dr Helmut Hass dans les années 50…

En gros, dans un volume de 10 m3, une salle générera résonances ou annulations les plus importantes à des cycles allant jusqu’à 70 hertz, alors qu’à 20 m3, elle baisse déjà à 36 Hz. Ainsi, lorsque votre site aura atteint les dimensions appropriées pour accueillir Metallica , vous ne risquez plus d’être gêné, le mode audible potentiel le plus élevé atteignant 25 cycles pour un cube de 30 mètres. Dans un raisonnement assez opposé, 30 mètres de côté donneront un délai de 87 millisecondes, 20 mètres donnera 58 ms et 10 mètres représente à peine 29 millisecondes. 30 ms, est le moment exact où votre cerveau commence à être dupé par la courte différence de temps. Votre cerveau décide alors que, pour que le contenu traité soit correct, votre cerveau décide que ces deux sons arrivant presque mais pas tout à fait au même moment peuvent être considérés comme une seule et même information.

Cela dicte ce qui fonctionne dans quel type de lieu et c’est pourquoi vous avez des groupes de stade et des groupes de clubs, des groupes de cavernes et des groupes de garage… et ce n’est pas une nouveauté.

Note: bien que votre cerveau puisse accepter de considérer deux signaux identiques arrivant avec un léger décalage comme un seul et unique son, cela n’empêche pas que ce signal soit sérieusement dégradé par des interférences et annulations dues à ces décalages temporels.

La musique de chambre a été écrite pour… une chambre et pour être jouée devant un petit groupe d’individus de noble extraction. Au fur et à mesure que les cours européennes s’agrandissaient, il fallait adapter les instruments, les méthodes d’écriture et la salle, pour que les orchestres grandissent, puis que des orchestres symphoniques et un pianoforte apparaissent et que la musique soit écrite à leurs attentions. Les orchestres symphoniques jouent pour des centaines de personnes, dans des salles et une acoustique construite à dessein pour accueillir orchestre et public. Progressivement, cela a déterminé les consistions elles-même, le tempi des morceaux ainsi que le contenu et la dynamique de la fréquence.

Pour moi, un lieu a un rythme, un groove, ainsi qu’une couleur sonore, et la musique qui y est jouée doit être ajustée en conséquence. C’était le travail du compositeur lorsqu’il créait une pièce (dans sa tête!). Ensuite, lors de l’interprétation c’était/c’est le rôle du chef d’orchestre, de placer, d’adapter la musique à l’ambiance de la pièce, afin que, par exemple, les échos provenant de l’arrière de la salle, soient en quelque sorte calés dans le tempo avec la musique. Au moins pour le chef d’orchestre à sa position approximative.

L’espace atténue le son, que ce soit dans l’air pour les hautes fréquences ou à cause de la distance (loi du carré inverse). Cela limite les concerts acoustiques à une capacité pouvant aller, par exemple, à environ 2 000 places. Au-delà de cette limite et de la taille nécessaire pour accueillir autant de personnes, la musique est jouée si loin des places des fond qu’écouter un concert ne fait plus vraiment sens. Les tentatives du 20ème siècle pour concevoir des salles acoustiques classiques et adresse ces limites, en amenant les sièges à faible coût à l’arrière de l’orchestre au lieu de l’arrière de la salle,  en espérant ainsi pouvoir restaurer un peu de niveaux sonore et de contenus haute fréquence, offrent tout de même une expérience musicale approximative, car les instruments classiques, donc les orchestres, sont conçus pour projeter le son vers l’avant. Aujourd’hui, s’il devrai vraiment pouvoir être joué dans une salle destinée à un large public, je préférerais une version délicatement amplifiée d’un concert d’un orchestre symphonique classique, et croyez-moi, il existe des possibilité sue faire ça bien. Comparé à une terne et lointaine “pureté” purement acoustique. En revenant au point de départ, les gens comparent encore une fois le son en direct à leur expérience de chaîne hi-fi domestique et, comme il se doit, un concert classique semblera terriblement terne et distant, à moins d’être assis dans les premières rangées de vip. Car chez eux, ils sont «assis» proche du chef d’orchestre, ce qui ajoute une présence et une proximité non naturelles, avec des microphones supplémentaires dirigés directement sur chaque registre de l’orchestre, bien sûr, tous édités, compressés et alignés dans le temps.

Cela dit, je suis aussi plus que parfaitement d’accord avec les puristes qui affirment que les haut-parleurs dégradent la beauté d’une pièce classique. En fait, je suis même tout à fait d’accord pour dire que la dégradation influe sur la pureté de la source. Cela dit, je pense surtout que le problème réside dans la nature stéréo du son proposé jusqu’à présent, ceci en raison des inconvénients déjà signalés à de nombreuses reprises, notamment la distorsion, les deltas de localisation et, en particulier, dans le cas d’un orchestre, un grave repliage de l’espace sonore original. Je crois simplement qu’un système Superdiff multicanal soigneusement conçu, éventuellement complété par un système d’acoustique de salle amélioré, peut permettre la diffusion de musique classique de manière élégante, pour les grandes salles ou les événements en plein air, ceci aux meilleurs standards auxquels les artistes classiques peuvent espérer.

Comme vu ci-dessus. Les espaces, petits, ont même un son, une tonalité. C’est-à-dire que, jusqu’à une certaine taille, les résonances de bas niveau, les «modes» de la pièce, peuvent être audibles. Certaines oeuvres, dans certaines tonalités, fonctionneront donc mieux dans certains lieux spécifiques que dans d’autres. Effectivement, certains soirs dans certaines salles, les musiques qui sonnaient si bien le soir précédent sonnent carrément horribles et, par exemple, le mi-grave met toute la maison en vibration, débarrassant au passage le plafond de quelques années de poussière accumulée. Félicitations, vous venez de mettre en vibration un des principaux modes de l’endroit ou vous jouez ce soir et il n’y a rien que vous puissiez faire. Mis à part peut-être brutalement tenter de supprimer les occurrences de la note spécifique, à l’aide d’un égaliseur, en perdant évidemment le mi-grave dans le processus, ce qui peut tout de même s’avérer problématique pour une oeuvre basée sur cette tonalité. Ou alors, déjà mieux, vous pouvez  transposer d’un demi-ton toute l’oeuvre, pour éviter de solliciter cette résonance, ou encore meilleur… jouer dans un lieu plus grand. Car plus la pièce est grande, plus les modes propres du lieu auront tendance à se déplacer vers les graves, au point de disparaître complètement pour notre système auditif. Les cinémas offrent généralement cette taille critique minimale. C’est pourquoi, avec quelques autres intelligentes astuces que l’industrie du cinéma a imaginé pour s’assurer que le lieu est correct sur le plan sonore, les cinémas offrent généralement une expérience d’écoute plutôt agréable, en particulier comparé au son d’un concert. Ou alors, vous pouvez aussi jouer en plein air. En plein air, il n’y a ni modes, ni résonances, vous pouvez jouer dans la tonalité que vous souhaitez, cela sera potentiellement excellent- A conditions bien sûr que le système audio soit adéquat.

Bien entendu, les petites salles peuvent être traitées acoustiquement et réglées de manière à obtenir un son de qualité, quelle que soit la fréquence, mais cela nécessite sur les murs et les plafonds des traitements coûteux et volumineux, et puisque les petites salles sont, par nature, petites, un paradoxe subsiste.

Les Rollings Stones sont l’exemple parfait de l’évolution des habitudes d’écoute. Ils ont commencé par des pubs, et ont fini par jouer, inventer, les concerts dans des stades. Ils ont vécu tout le processus. En effet, même si les stades n’ont pas de modes propres à gérer, ils ont un tempo, une dimension audible. C’est pourquoi des groupes de stade existent, avec leur musique, leurs habitudes, leur expérience de la scène et leur charisme. Je parie que Coldplay ou U2 offriraient à présent une expérience presque risible si ils retournaient jouer dans un pub. Alors que votre combo punk ou DJ local seraient bien petits et désemparés, si ils devaient du jour au lendemain jouer dans un lieu accueillant plusieurs milliers de personnes.

Mon conseil si vous voulez devenir un DJ ou un groupe de stade: commencez à écrire grand, pensez grand, sonnez déjà grand, et commencez à utiliser une longue réverbération et de longs délais dans vos mixs.… Faites semblant, jusqu’à ce que vous le soyez vraiment!

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